Une question revient souvent sur les réseaux sociaux, mais pas que : no bra et allaitement, est-ce que c’est compatible ? Et si oui, comment se lancer ?
Le no bra c'est quoi au juste ?
C’est un mouvement qui remonterait aux années 60, qui consiste à ne pas porter de soutien-gorge, pour des raisons variées.
Confort, refus de céder à une injection genrée, refus de la sexualisation de la poitrine ou encore santé.
Certain.e.s avancent en effet que contrairement à ce qu’on croit, le soutien-gorge n’aiderait pas au « bon maintien » de la poitrine, au contraire. Les tissus fibreux et ligaments entourant le sein travailleraient plus en l’absence d’une aide telle que le soutien-gorge.
Pour ma part ça a été avant tout une question de confort. Selon moi, mettre en avant un argument esthétique revient à valider les injonctions diverses qui règnent autour de la poitrine.
L'histoire du soutien-gorge
L’invention du soutien-gorge remonte à 1889. On doit son invention à Hermine Cadolle, qui l’a présenté lors de l’exposition universelle de Paris.
Au début, ça semblait une bonne idée et c’était une avancée. Les femmes portaient pour beaucoup des corsets, avec tous les méfaits qu’on lui connait (même s’il est un peu revenu à la mode ces derniers années).
Pourtant, c’est vite devenu au fil des années un objet hypersexualisant et peu confortable aussi, mais surtout une manne financière pour beaucoup d’industriel.le.s.
Les injonctions
En effet, nombreuses sont les injonctions autour du soutien-gorge.
En porter dès le plus jeune âge pour commencer. Mais aussi le fait de devoir être dans des normes, sexualisantes qui plus est.
Ca fait régulièrement polémique, mais on peut en effet trouver des modèles de brassières, mais aussi parfois de soutiens-gorges push up dans les rayons à destination des très jeunes.
Vous vous souvenez peut-être de ce tweet à propos de Dim, qui mettait au rayon enfant des soutiens-gorges visant à « gommer les imperfections » et « offrir une forme lisse ».
"Gomme les imperfections" et "offre une forme lisse"... Pour un soutif en 70A au rayon enfant... #LeCulLesRonces pic.twitter.com/Iz6heNM6P1
— Florence Braud (@BraudFlo) September 2, 2016
C’est pareil adulte. Même si ça tend un peu à changer, le marché reste hyper sexualisant et normatif, avec des modèles souvent rembourrés, avec coques.
Les seins doivent répondre à des attentes sociales et esthétiques. Scoop : ces attentes ne sont pas compatibles avec l’allaitement.
Finalement, le no bra, c’est aussi lutter contre ces injonctions et rendre visible et normaliser la diversité des poitrines.
Et j’en profite pour rappeler que si les seins peuvent avoir une forme, une taille ou encore un aspect différent d’une femme à l’autre; c’est également le cas pour une même femme à différentes périodes de sa vie.
J’abordais ici plus en détail la grossesse et l’après.
J’aime particulièrement ce dessin de Daisy dessine pour illustrer ce principe.

Quelques chiffres à propos du no bra
C’est indéniable, les différents confinements ont beaucoup augmenté la part de femmes faisant du no-bra.
L’IFOP a réalisé en 202 deux études à quelques moins d’intervalle.
La première les 3 et 4 avril auprès de 1016 personne a révélé que :
– 8% des femmes n’ont pas porté de soutien-gorge pendant le confinement.
– 20% des moins de 25 ans n’en portent jamais ou presque.
La seconde, en juillet 2020 confirme la « tendance ». 7% des femmes (sur 1603 sondées) indiquent ne pas mettre, ou presque jamais, de soutien-gorge; contre 3% avant confinement.
Sinon, depuis plusieurs années, on voit que le sujet est visibilisé de plus en plus. Dans des articles de journaux, de blogs, ou encore sur les réseaux sociaux avec par exemple les hashtags #freethenipples ou #nobrachallenge.
No bra et allaitement, compatible ou pas ?
Oui, je sais, je ne répond finalement qu’à la question maintenant, mais difficile d’y répondre sans contextualiser.
Au final ici c’est l’allaitement qui m’a lancée, il y a quelques années maintenant.
En effet, j’ai toujours trouvé les soutiens-gorges particulièrement inconfortables, surtout à armatures. On connaît toutes je pense le moment de libération en rentrant le soir et en le retirant.
Je trouvais les brassières d’allaitement tellement confortables les premiers mois d’allaitement, que quand je n’ai plus eu de fuite de lait obligeant les coussinets j’ai fini par ne plus rien mettre.
Du coup, en effet au début cela peut-être un peu compliqué si fuites. Même si on n’est pas toutes égales face à ça, en général elles durent quelques semaines/mois.
Pour les nuits, des mamans utilisent souvent la technique de la serviette éponge. Elles ne mettent ni coussinet ni soutien-gorge mais placent une serviette éponge en dessous d’elle qui absorbe les fuites éventuelles.
Pour la journée pas trop de solutions à part la patience.
Mais du coup, le no bra est évidemment compatible avec l’allaitement. Pas nécessairement dès les premiers jours ou semaines mais c’est possible.
D’ailleurs je trouve que ça rend certains cas plus confortables. Par exemple, lorsque j’ai repris le boulot j’essayais de tirer de manière régulière. Parfois la régularité était un peu mise à mal par le rythme, et rien de plus inconfortable qu’une montée de lait (qui peut faire doubler les seins de volume) dans un soutien-gorge. L’inconfort peut vite devenir de la douleur à cause de la compression. C’est d’ailleurs un risque d’engorgement, alors attention.
Il est même possible de débuter pendant la grossesse. En effet, en fin de grossesse les seins sont en général plus gros et plus tendus. On ne se sent pas nécessairement à l’aise dans ses soutiens-gorge habituels, et pas forcément l’envie d’investir pour quelques semaines.
Le cas du sport
Beaucoup (moi y compris) font « une entorse » au no bra en portant des brassières ou un soutien gorge de sport lors d’une séance.
A vrai dire, comme pour tout dans la vie, y a pas de cases à cocher. Pratiquer le no bra ne vous oblige pas à le faire à 100%. Si vous souhaitez porter une brassière de sport personne ne vous blâmera.
Pour le fait d’en porter ou non c’est vraiment une question de convenance personnelle.
Pour moi, c’est encore une fois une question de confort. Je n’en mets ni pour le running, ni pour le VTT, mais j’en mets quand le sport que je pratique a un fort rebond comme la corde à sauter ou certaines séances de cardio.
Le regard des autres
Beaucoup ne passent pas le cap ou ont mis du temps à le passer à cause du regard des autres.
C’est vrai que selon la manière dont on est habillée c’est plus ou moins visible.
Pour ma part, comme dit plus haut, c’est les brassières d’allaitement qui m’ont lancée.
J’avais déjà plus ou moins appris à ignorer les regards lorsque j’allaitais mon fils à l’extérieur de chez moi. Je n’étais plus vraiment à ça près.
S’il y a eu des regards déplacés je ne les ai pas vraiment remarqués.
Si jamais c’est quelque chose que vous redoutez, vous pouvez peut-être commencer l’hiver. Avec différentes couches de vêtements ça se remarque moins.
D’autres privilégient des hauts larges.
Et si on ne s'en sent pas capable ?
Plein de raisons peuvent rebuter. La taille de la poitrine, des habitudes personnelles, le confort que peut procurer malgré tout le port d’un soutien-gorge, etc.
Selon les statistiques citées plus haut les femmes avec un bonnet A sont plus nombreuses à pratiquer que celles qui font un bonnet D (57% contre 39%).
Le plus triste dans les raisons souvent évoquées, c’est la crainte du harcèlement.
Faut dire que nombreux et nombreuses pensent encore que ne pas porter de soutien-gorge c’est prendre le risque d’être harcelée voire agressée. Coucou la culture du viol.
Dans tous les cas, que vous en mettiez ou non, le choix vous appartient.
Et vous ? No bra ou pas ?
Si oui n’hésitez pas à partager vos tips et témoignages.
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No bra à fond ! Le confinement + un bébé qui tète tout le temps m’ont fait ne plus en mettre à la maison. J’en mettais lorsque je sortais ou recevais de la visite. Puis, finalement je n’en mets plus. Je porte des vêtements moins moulant à l’extérieur, car j’ai quand même un peu peur des regards…
Et puis je me suis dit aussi que le fait de me libérer d’une injonction serait un bon exemple pour mes filles. (il en reste encore d’autres ^^.
En discutant, j’ai découvert que ma soeur de 16 ans n’en portait pas non plus. Après c’est vrai que nous avons une petite poitrine. Les femmes que je connais qui ont une plus forte poitrine, préfèrent en porter.
ah ça y en a beaucoup c’est sur. mais en même temps on leur montre qu’on a tou.te.s nos limites. l’important reste selon moi d’ouvrir le débat. ici j’ai beau ne pas porter de soutien la grande met des brassières