Parler des règles avec son enfant

  • Post last modified:28 janvier 2023
  • Post category:Parentalité

Ca fait un petit moment que cet article traînait en brouillon sur le blog, comme bien d’autres articles.
Mais récemment, une conversation entre le grand de 10 ans et des copains au square sur le sujet des règles m’a incité à le finir.
Je vous propose donc aujourd’hui quelques pistes pour aborder le sujet des règles avec son enfant. 

Normaliser les règles

Initialement, j’avais spontanément nommé l’article Aborder le sujet des règles avec sa (belle) fille. J’allais l’orienter autour d’elle, qui a 12 ans maintenant, et qui ne devrait plus trop tarder à avoir ses règles. 
En commençant à écrire l’article, j’ai vite corrigé ce titre.
En effet, la méconnaissance et les tabous autour des règles sont nourris par le fait que l’on n’en parle pas ou pas assez aux enfants, quelque soit leur genre. 

Ce sujet est en effet encore tabou pour beaucoup, et de nombreux préjugés découlent de ce tabou, de cette méconnaissance.
Souvent quand on aborde ces préjugés, des stéréotypes racistes les accompagnent. Il n’y a que dans certains pays ou dans certaines cultures qu’il y aurait des préjugés et mythes.
Pourtant moi-même, enfant des années 90 ayant grandi en France j’en ai connu et ait cru à pas mal. 

En vrac : 
– le fait d’avoir ses règles rend la fille ou la femme impure, 
– les douleurs sont normales, 
– les tampons altéreraient la virginité, 
– prendre une douche pendant ses règles favoriserait la stérilité, 
etc.

Quoi de plus simple et facile pour contrer ces mythes que d’en parler, de manière simple et claire depuis le plus jeune âge. 

Ne pas l'inciter à se cacher d'avoir ses règles

Ici j’ai été réglée plutôt tôt. A 12 ans.
Dès les premières règles, pour lesquelles je n’avais pas eu d’information en amont (j’étais persuadée de m’être blessée en voyant le sang dans ma culotte en me rendant aux toilettes), j’ai été incitée à cacher que je les avais.
Bien envelopper mes serviettes dans leur papier et limite les planquer dans la poubelle, manger limite cachée pendant le ramadan, etc.

Depuis que je suis mère je ne me cache pas d’avoir mes règles. 
Les enfants me voient dans le canapé avec ma bouillotte le premier jour qui est souvent douloureux.
Si je ne me sens pas bien je l’exprime en faisant le lien, tout comme je le ferais avec autre chose.

Et pour la team maman suivie partout même aux toilettes, mon fils m’a posé un tas de questions au sujet de ma cup, auxquelles je lui ai apporté des réponses, tout simplement.

La représentation dans la société

Comme dit plus haut, les règles restent un tabou. Le sujet évolue. Vous avez déjà probablement vu cette pub de Nana, qui avait beaucoup fait parlé.

De plus en plus de marques tendent à représenter le sang dans les pubs comme rouge et non plus bleu comme peut encore le voir. 

Et il y a des initiatives pour les visibiliser.
Par exemple l’exposition de photos « There will be blood », où sont immortalisés des moments de la vie quotidienne.
Vous pouvez retrouver les autres photos ici.

parler des règles avec son enfant

Répondre aux questions, informer

A question simple réponse simple. Pas de prise de tête.
Quand le dernier m’a posé la question pour la première fois, autour de 4 ans de mémoire, je lui ai expliqué. Chaque mois mon corps se prépare à enfanter. Ce n’est pas mon souhait d’avoir un autre enfant, donc je fais en sorte qu’il n’y ait pas de fécondation de l’ovule. Mon corps l’expulse alors.
Ca peut être un peu fatiguant, ou douloureux le premier jour (dans MON cas), mais je ne suis pas blessée et tout va bien.
J’ai pu du coup lui expliquer que la cup sert à recueillir le sang pour éviter de tâcher mes vêtements, comme mes culottes menstruelles.
C’est aussi simple que ça. Ca a duré moins de dix minutes, ça répondait à son interrogation.

Quelques supports

Il est toujours possible de vous appuyer sur un support si vous le souhaitez.
Ici j’aime beaucoup le livre Les règles… quelle aventure !, de Elise Thiebaut et Marion Malle.
Un livre que je chronique sur Instagram, et qui je pense est à mettre entre toutes les  mains.
Il est inclusif et fluide à lire avec des illustrations sympas.
Et il est très complet. Les règles sont souvent réduites au prisme biologique, ici ce n’est pas le cas. Il aborde aussi le patriarcat et la sexualité.
Vous pouvez le trouver ici.

parler des règles avec son enfant

Si vous le souhaitez vous pouvez écouter l’épisode « #9 – Ca va saigner » du podcast Quoi de meuf. 

Dans cet épisode Mélanie Wanga et Clémentine Gallot aborde le sujet des règles, en parlant pop culture mais pas que. 

Vous pouvez le trouver sur n’importe quelle appli de podcast. 

A partir de quel âge en parler ?

Souvent, les parents ont tendance à ne pas aborder le sujet, en se disant que son enfant a le temps.
Pourtant si les premières règles arrivent en moyenne entre 11 et 14 ans ça peut être plus tôt. Et il n’est pas si rare qu’un.e enfant soit menstrué.e dès l’école primaire. 

De toute façon, il n’y a pas d’âge selon moi pour en parler. C’est un sujet comme un autre, à aborder avec son enfant. 

Quelle protection proposer ?

Ici le choix était assez limité. Des serviettes, et plutôt épaisses. Je ne trouvais pas ça confortable, ça m’arrivait de les couper en deux par peur que ce ne soit trop épais au niveau de mes fesses. Appréhension d’une tâche. Je les cachais dans le fond de mon sac, d’où je les transférais comme une agente secrète jusqu’à ma poche ou dans ma manche quand j’avais besoin d’aller en changer.

Heureusement les possibilités sont plus variées maintenant, et selon moi le plus simple reste de proposer différentes choses à votre enfant. Rien de mieux que de pouvoir tester. Ce qui nous convient à nous ne leur conviendra pas nécessairement. 

Ici j’ai une préférence pour les solutions réutilisables, les culottes notamment après une période cup. 
Des marques de culottes comme Blooming ou Modibodi ciblent les ados avec des modèles dédiés, sinon il est possible d’opter parmi les nombreux autres choix possibles. Les marques proposent généralement. de larges gammes de modèles et de taille. (Vous pouvez trouver un comparatif avec des codes promos pour différentes marques ici si jamais).

Si jamais elle optait pour du jetable, au vu de la composition je pense qu’on se tournera vers des marques bio comme Naty ou Natracare, qui ont développé des gammes. 

parler des règles avec son enfant
parler des règles avec son enfant

Cela dit, tout le monde n’a pas encore le même accès aux protections périodiques.
Ca avance, c’est indéniable, mais c’est encore une grande source d’inégalité.
L’Ecosse a rendu fin 2020 les protections périodiques accessibles gratuitement.
En France on n’y est pas encore mais des assos se battent pour.
A savoir que la LMDE (la mutuelle des étudiants) participent à hauteur de 25 euros par an. Espérons une généralisation. 

D’autres assos s’engagent contre la précarité menstruelle, comme Règles élémentaires.
Il est assez facile d’organiser une collecte, par exemple dans un établissement scolaire. Ce qui permet au passage de visibiliser le sujet. Si votre enfant est engagé.e (délégué.e, élu.e CVC ou CVL ou encore éco délégué.e) n’hésitez pas à lui glisser.

parler des règles avec son enfant

Entendre le ressenti

On fait souvent face à des injonctions par rapport aux règles. Mais le ressenti de chaque personne peut être très variable.
Les pubs valorisent par exemple beaucoup l’activité pendant les règles. S’il est vrai que beaucoup continuent leur vie pendant les règles ce n’est pas le cas de tout le monde, et il faut pouvoir l’entendre aussi.
Ici par exemple je suis littéralement en PLS le premier jour : crampes, diarrhées, nausées et grosse fatigue. Affronter les profs de sport était particulièrement compliqué plus jeune. Beaucoup se moquaient des filles qui passaient leur temps à l’infirmerie.
Quand on sait que dans certains pays comme le Japon il existe un congé menstruel, autre mentalité.

Inversement la douleur est souvent normalisée, et les rares solutions proposées médicamenteuses sans chercher à creuser plus. 
Pourtant l’endométriose dont on entend plus parler ces dernières années concerne 10% des femmes et son diagnostic est souvent tardif.

En bref, soyez à l’écoute de votre enfant.

Et vous ?  Avez-vous abordé le sujet avec votre ou vos enfant.s ?
Si oui comment ? 

Pour aller plus loin

L’école n’est pas pensée pour les jeunes filles qui ont leurs règles,
Les 10 pires croyances de l’histoire des menstruations,
– Le blog Passion menstrues.

La photo à la une vient du site de Rupi Kaur que vous pouvez trouver ici, ainsi que sur Instagram .