Ca y est, c’est l’été. Et même si aujourd’hui le temps n’est pas au beau fixe, les semaines précédentes il l’a été.
Le retour du soleil, des barbeucs, mais aussi des tenues plus légères.
Si vous me suivez sur Facebook, j’ai évoqué une situation problématique il y a peu, et une partie des réponses m’a donné envie d’aller plus loin sur le sujet dans cet article : « Laissons nos filles tranquille »
Tenue correcte exigée
Sur Facebook donc, j’ai posté ce texte :

Il a suscité différentes réactions, dont pas mal complaisantes avec le collège. Si je m’attendais à ce qu’il y en ait quelques unes j’avoue avoir été surprise qu’il y en ait autant, d’autant plus que mon lectorat est composé en grande majorité de femmes.
J’ai pu lire plusieurs arguments en la faveur du collège donc. Par exemple :
– Le respect du règlement,
– La préparation à la vie professionnelle,
– Un débat sur les mini-shorts alors que je n’ai pas utilisé ce terme,
– Les garçons ne sont plus ceux d’avant,
etc.
L'hypocrisie
Ces arguments sont ni plus ni moins hypocrites.
Ils nient le fait que les filles uniquement soient ciblées.
donc là ma pote vient de se prendre un avertissement alors qu’elle porte un short aussi long que celui du mec, qui lui n’a rien eu... #Lundi14Septembre pic.twitter.com/Y5uoXPnucJ
— n 🙂 (@nanouchax) September 14, 2020
Ces arguments nient aussi que les filles le sont régulièrement pour des raisons tout à fait variables.
Les shorts seraient un problème car ils rendent celles qui les portent érotisantes ? Ils déconcentreraient leurs camarades ou professeurs ? Ne seraient pas compatibles avec une vie professionnelle future ?
Idem pour les croc top. Il faut dire qu’un dos ou un ventre c’est très érotique. C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’y a plus de cycles de piscine à l’école. Ah non pardon, ça doit être pour ça que le ministre de l’éducation nationale a lancé une chasse aux prétendus faux certificats d’allergies au chlore derrière lesquelles se cacheraient des filles pour ne pas avoir à se mettre en maillot. Non parce qu’une fille qui ne voudrait pas se mettre en maillot devant l’ensemble de sa classe, c’est forcément liée à la radicalisation islamiste.
Idem pour les jupes jugées trop longues d’ailleurs.
Parce que oui, des collégiennes ou lycéennes se sont déjà faites renvoyer de cours parce que leur jupe ou robe a été jugée trop longue et signe de radicalisation ou ostentatoire. (On passera sur l’islamophobie et la contre-productivité du renvoi). Par exemple.
Le contrôle du corps
Mais en même temps, peu importe la longueur de la jupe elle gêne.
On peut se rappeler d’un centre de loisirs de Reims qui avait communiqué aux parents d’éviter de vêtir leurs filles de jupe ou de mettre un short en-dessous car « nous avons des enfants de 10 à 12 ans qui peuvent avoir un comportement déplacé avec une petite fille dont la jupe se soulèverait. Nous voulons juste éviter des situations complexes à gérer ».
Au final, pas mal d’arguments contradictoires. Il faudrait couvrir nos filles et nous couvrir nous-mêmes pour nous protéger.
Mais en même temps il ne faudrait pas trop les/nous couvrir.
Dans le même genre, le fait que des gymnastes allemandes pratiquent en combinaison intégrale aux championnats d’Europe en avril dernier a fait grand bruit.
On se souvient aussi quand la tenue de Serena Williams à Roland Garros 2018 a été critiquée et déclarée comme interdite par les organisateurs du tournoi pour l’année suivante. Alors que celle-ci avait une raison médicale.
You can take the superhero out of her costume, but you can never take away her superpowers. #justdoit pic.twitter.com/dDB6D9nzaD
— Nike (@Nike) August 25, 2018
Un peu aussi comme la sexualisation constante de la poitrine des femmes dans l’espace public, dans la publicité de manière générale, mais la censure de l’allaitement dans ce même espace public ou sur les réseaux sociaux.
En fait; il ne faudrait pas prendre de décision pour nous-mêmes. Nous ne serions pas aptes à choisir comment nous habiller.
Et si nous faisons ce choix malgré tout nous nous exposons au danger.
Les prédateurs
Parce que oui, finalement, ce discours est encore hyper fréquent. La culture du viol a encore de belles années devant elle.
Il m’a été dis en commentaire à mon post que les rues étaient remplies de pervers, ainsi que d’hommes adultes aux tendances pédophiles.
Rappelons nous que la majorité des agressions sexuelles et viols sont commises par quelqu’un que l’on connait. Et que la tenue de la personne n’est PAS une invitation ou un élément justifiant une agression ou un viol.
D’ailleurs aucune tenue ne protège en soi. Et se cacher, s’interdire de pratiquer certaines activités, fréquenter certains lieux, etc. ne protège pas.
D’après une enquête de 2015 (VIRAGE par l’Ined), 1 femme sur 20 déclare des violences sexuelles dans l’enfance ou l’adolescence.
Une femme sur 20 !
Il suffit aussi de parcourir le hashtag #metooinceste, lancé par le collectif Nous toutes suite à la parution du livre La familia grande de Camille Kouchner pour se rendre compte qu’en soi le danger est partout.
Eduquons nos enfants. Tou.te.s !
Et laissons nos filles tranquille.