Un article autour de l’allaitement mais un peu différent cette fois, pour parler de la vision de pères de l’allaitement.
Je sais bien que les familles peuvent être homo ou mono parentales, le sujet sera éventuellement abordé dans d’autres articles. Cette fois-ci je me concentre sur la vision des pères parce que c’est un sujet qui revient souvent auprès des mères et dans les groupes d’allaitement.
Si jamais le sujet de la place du deuxième parent a été largement abordé par Maman Lune dans cet article.
Le sujet y est aussi abordé parmi d’autres choses, notamment l’inclusivité de l’allaitement, dans cet article.
J’ai donc diffusé sur le groupe Facebook Allaiter en maternant un questionnaire que les mères membres qui le souhaitaient ont pu partager à leur compagnon.
Merci à tous celles et ceux qui ont participé. J’ai eu beaucoup de participation et ne peux pas mettre toutes les réponses ici.
J’ai sélectionné celles de quatre personnes, que vous pourrez retrouver avec un code couleur après chaque question.
Freddy, Charles, Christopher, Gwen.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Prénom, âge, nombre d’enfants, ou simplement ce que vous avez envie de dire.
- Bonjour, Je m’appelle Freddy, j’ai 35 ans. Je suis arboriste grimpeur. Mon fils de 22 mois est allaité.
- Je m’appelle Charles, j’ai 37 ans et 2 enfants.
- Christopher, 26 ans, 2 enfants, vivant en Belgique.
- Gwen, papa pour la 2ème fois à 40 ans, mon ainée a 10 ans, la dernière 9,5 mois.
Quel est votre rapport avec l’allaitement ? Avez-vous par exemple été vous-même allaité ? Si oui en gardez vous un souvenir et lequel le cas échéant ?
- Étant colombien et né là bas, il est de coutume d’allaiter ses enfants donc j’ai été allaité mais je n’ai pas gardé de souvenirs de cela. Il est tout à fait normal et essentiel d’allaiter, de subvenir aux besoins les plus fondamentaux de son enfant. Pour moi, nourrir son enfant en est un.
- J’ai été allaité pendant 8 mois, je n’en ai aucun souvenir. Mon fils s’en souviendra sûrement car il a été allaité 3,5 ans. Je ne me posais aucune question concernant l’allaitement avant de le vivre en tant que père – mon avis était totalement neutre.
- Mes enfants sont/ont été allaité, moi non, ma mère n’a pas pu « soi-disant » pas de lait d’après les médecins, très peu renseigner, il y a plus de 25 ans…
- Je trouve ça très bien que les bébés puissent avoir cette connexion avec la maman. C’est une connexion tendre et chaleureuse, un instant entre ma fille et ma femme. J’ai été allaité mais je n’en ai aucun souvenir.
Est-ce que la paternité a bousculé ce rapport ? Aviez -vous par exemple des idées préconçues qui ont changé ? Ou au contraire ont-elles été appuyées par votre expérience ?
- Le bien être apporté à mon enfant par l’allaitement m’a conforté dans mes idées de façon concrète.
- Ca m’a simplement appris plein de choses sur le corps humain et le fonctionnement du nourrisson : il faut apprendre à l’enfant à téter, la mère peut souffrir lorsqu’il n’a pas une bonne prise, etc. J’ai appris également la magie de la composition du lait humain, qu’il évolue avec l’enfant qui grandit et qu’il s’adapte à sa santé. J’ai en outre découvert que le lait permettait de se soigner (conjonctivite, erythèmes, eczema, etc .). J’ai apprécié les économies réalisées par ailleurs. A part ces apprentissages, je n’avais pas d’idées préconçues avant cela.
- Franchement, je n’étais pas pour surtout par rapport a la peur d’être gêné de la vue d’un sein par autrui… Je n’étais pas assez renseigné sur les bienfaits de l’allaitement, et je remercie ma femme de m’avoir ouvert les yeux et m’avoir donné tous les renseignements nécessaires.
- Avec la mère de mon aînée, j’ai moins bien vécu l’allaitement, j’étais plus jeune. Aujourd’hui, je suis content de me lever la nuit pour amener ma fille à sa mère.
Est-ce que l’allaitement a été discuté en amont avec votre compagne ?
Si oui, est-ce vous étiez tous les deux sur la même longueur d’ondes ? Si non, qu’est-ce qui a fait évoluer la situation ?
- Pour ma femme et moi même, l’allaitement paraissait une évidence. Notre connaissance a évolué au fur et à mesure de l’allaitement ce qui nous a amené à envisager un sevrage naturel pour notre fils.
- Nous n’avons jamais discuté de l’allaitement en amont tous les deux. Ma femme a déclaré vouloir allaiter en rendez-vous avec la sage-femme. L’allaitement a été mis en place de façon naturelle, à la naissance de notre enfant.
- Oui, bien sur, nous en avons discuté longtemps, nous n’étions pas d’accord et après plusieurs jours de discussions, de recherches, de renseignements, mon avis a changé.
- Nous avons beaucoup discuté, c’était un choix purement réfléchi, et ma femme avait vraiment envie d’allaiter, pour les apports nutritifs et immunitaires mais aussi pour le lien unique avec sa fille.
Comment concevez-vous votre place et rôle auprès de votre enfant de manière générale ? Et dans l’allaitement ?
- Ma place, mon rôle auprès de mon enfant : m’occuper de lui (préparation et accompagnement pour les repas, soins d’hygiène élémentaire) , le réconforter, l’aimer, lui apprendre des choses et à découvrir la nature, l’accompagner dans ses découvertes. Mon rôle dans l’allaitement est de soutenir sa mère.
- Je suis présent à 100 % pour mon enfant, pour son éducation, communiquer avec lui, m’en occuper, lui lire des histoires, lui transmettre mes valeurs, lui donner confiance en lui et en ses parents. Qu’il grandisse en étant fier de lui.
Concernant l’allaitement, j’ai compris que c’était indispensable. Quand j’ai compris, outre le fait que mon enfant allait recevoir le meilleur, que j’allais pouvoir dormir au lieu de me lever en pleine nuit pour préparer un biberon, j’ai encouragé et soutenu ma femme. Surtout vis-à-vis du regard des autres. - Mon rôle est tout a fait normal, rien ne change allaitement ou pas. Concernant l’allaitement, j’ai plus un rôle de soutien dans les moments difficiles pour ma femme.
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Nous faisons partie intégrante de la vie l’un de l’autre. Que ce soit sa mère ou moi, l’un n’a pas moins de place que l’autre. Concernant l’allaitement, je suis présent quand notre fille tète la majorité du temps.
Y a-t-il des choses que vous appréciez, ou regrettiez vis-à-vis de cet allaitement ?
- Il peut arriver d’être nostalgique de sa vie de couple d’avant car l’allaitement demande une dévotion au quotidien de la part de la maman et un appui du père ce qui peut être contraignant parfois mais avoir un enfant c’est penser à lui avant tout.
- J’ai apprécié le confort pour la mère et l’enfant, le côté pratique (je repense aux trajets en avion, où l’allaitement nous a sauvés) et les économies (temps, argent et énergie).
- J’aime voir mes enfants au sein de ma femme, pour moi, c’est la plus belle chose que je peux voir. Je ne regrette absolument rien, enfin juste une chose, ne pas pouvoir connaître cette sensation d’allaiter son enfant.
- J’aime lui faire un bisou et sentir sa petite tête, lui transmettre ma chaleur pendant qu’elle au creux du bras de sa maman.
Comment envisagez-vous l’allaitement à long terme ?
- Ce que j’apprécie dans l’allaitement, c’est de voir le bonheur que ça procure à mon fils, la complicité qu’il peut y avoir entre lui et sa mère, de savoir que ça lui apporte un équilibre psychologique et de savoir qu’on lui aura donné le meilleur naturellement pour le reste de sa vie. J’adore jouer à l’allaitement avec mon fils : je lui dis que je vais lancer une lactation et il fait mine de me têter.
- Je l’ai découvert au fil des mois, lorsque notre fils a refusé les biberons. Une conseillère en lactation nous a conseillé de poursuivre, et nous a fait remarquer qu’il n’y avait aucun intérêt pour nous d’arrêter – juste le risque de nuits plus courtes. Nous avons découvert les bienfaits de l’allaitement au cours de celui de notre fils qui s’est prolongé naturellement. Ma femme s’est renseignée et m’a transmis les informations, nous avons découvert ensemble l’allaitement long et l’intérêt pour l’enfant du sevrage naturel. Nous espérons qu’il sera aussi long pour notre fille qui est toujours allaitée à 1 an aujourd’hui.
- Personnellement, j’ai un peu de mal avec l’allaitement a long terme, tout dépend de ce que voit par long terme. Allaiter un enfant jusqu’à l’age de 3 ans, j’ai un peu de mal. Je ne l’ai jamais vécu car ma femme a allaité jusqu’au 14 mois de ma première et pour la deuxième, nous verrons bien car elle n’a que 7 mois. Après ce ne sont que des à priori sur l’âge mais je pense qu’au fil du temps, au plus on avancera dans l’allaitement que je ne ferais même pas attention à l’âge de ma fille car pour moi, c’est vraiment devenu quelque chose de naturel.
- C’est un point dont nous devons encore discuter ensemble. Pour l’instant, c’est bébé qui décide.
Si vous deviez parler allaitement à un futur papa, des choses que vous souhaiteriez lui dire ?
- Lorsque l’on soutient la mère de son enfant dans le cadre de l’allaitement, tout ce qu’on fait c’est aider son enfant pour le reste de sa vie. Il faut tenir le coup. Tout repose sur les épaules de la mère donc il faut être clément, la soutenir. L’allaitement, c’est plein de moments de jeu, de partage, de regards échangés entre son fils, sa mère et le père. C’est un réconfort inoubliable. Ça ne dure que quelques années, et une fois le sevrage atteint, tous ces moments sont terminés et on passe à autre chose donc il faut en profiter !
- Sans donner d’injonctions à faire, je conseillerais de se renseigner avant tout en s’inscrivant sur des groupes dédiés pour connaître les tenants et aboutissants de cette belle aventure (positions, mise en sein, confusion sein-tétine, part du lobbying de l’industrie laitière, manque de formation des pédiatres). Et privilégier l’écoute de la relation mère-enfant avant tout.
- De ne pas écouter toutes les bêtises qu’on peut dire sur l’allaitement, qu’il se renseigne à des spécialistes. Et qu’il ne doit pas avoir peur de ne pas trouver son rôle de père parce qu’il ne nourrit pas son enfant, il y a tellement d’autres choses à faire. L’allaitement est la meilleure chose qu’il puisse offrir à son enfant. Mais ce n’est pas parce qu’ils prennent la décision de ne pas allaiter leur enfant que ce n’est pas un(e) bon(ne) père/mère. Chacun est libre de ses choix, ils ne doivent en aucun cas regretter.
- Fonce ! c’est Trop beau de voir son enfant avoir une telle connexion avec sa maman.
Des choses que vous voudriez étayer ? Ajouter ?
- Le père peut s’épanouir autrement qu’en donnant un biberon, je n’ai pas eu besoin de cela pour être auprès de mon fils pendant ses premières années.
- Juste un chose, une merveilleuse citation du Dr Grantly Dick-Read :
« L’enfant ne demande que trois choses : la chaleur des bras de sa mère, le lait deses seins et la sécurité de sa présence. L’allaitement réunit les trois. »
Encore un énorme merci à tous les pères qui m’ont envoyé leur témoignage.
Si vous avez envie de réagir à cet article, n’hésitez pas en commentaire.