Congé paternité et d’accueil de l’enfant à 28 jours, avancée ou non ?

  • Post last modified:28 janvier 2023
  • Post category:Parentalité

Le gouvernement a récemment annoncé un changement dans le congé paternité et d’accueil de l’enfant à venir. Actuellement il est de 11 jours, non fractionnables. Il peut-être pris à la suite des 3 jours d’absence à la naissance ou plus tard mais impérativement dans les 4 mois qui suivent la naissance. Sa durée peut être réduite à l’initiative du parent.
A partir de juillet 2021 il passera à 28 jours dont 7 obligatoires.
Alors, réelle avancée ou non ?

Le congé paternité et d’accueil de l’enfant en chiffres

Dans les faits on sait qu’actuellement 7 parents sur 10 seulement prennent ce congé. Mais lorsque l’on regarde de plus près, plus le contrat du parent est précaire moins il le prend.
Qu’est-ce qui poussera les parents ne le prenant pas actuellement à le prendre davantage alors que 7 jours seulement sont obligatoires ?
Pourquoi ne pas avoir été au bout de la démarche en rendant la totalité obligatoire ?

D’autant plus quand on sait qu’il était proposé par le rapport de la commission 1000 jours de l’allonger à 9 semaines. On est donc encore bien loin du compte. Les raisons avancées ? L’argent.
Le président avait notamment déclaré à propos du congé parental en 2018 au sujet du congé parental « J’en approuve les principes, mais c’est une belle idée qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable « .
Pour comparaison en Espagne le congé paternité a été allongé à 12 semaines récemment, et va l’être à 16 en 2021.

La nécessité de la présence du deuxième parent

Pourtant, la présence du deuxième parent est plus que nécessaire. Particulièrement dans les débuts.
En effet, nombreuses sont les mères à être touchée par le baby-blues ou la dépression post-partum. Plus d’infos à ce sujet dans cet article.
La présence du second parent aiderait à bien des niveaux. Que ce soit pour avoir du soutien moral, être entourée. Mais aussi permettre un relais et une plus grande implication.
En effet, quand le parent rate les premiers moments il a tendance à moins s’impliquer par la suite.
Ce qui n’aide pas à diminuer la charge mentale de la mère.

Les discriminations liées à la parentalité

Cela jouerait également sur la discrimination que vivent les femmes dans le milieu professionnel.
En effet, la parentalité voire le risque de parentalité impacte souvent la vie professionnelle des femmes. Qu’elles aient des enfants, ou non. Qu’elles veuillent des enfants, ou non. Que ce soit à l’embauche, ou plus tard pour l’évolution de leur carrière.
Rendre le congé du deuxième parent obligatoire pourrait contribuer à réduire un peu ces inégalités.
Cela pourrait aussi ne pas mettre ce deuxième parent dans une position compliquée vis à vis de son employeur. En étant par exemple stigmatisé comme non fiable, ce qui peut amener à une rupture de la période d’essai, à un non renouvellement, etc. Même si cela n’était pas justifié comme cela. 

Quid du congé parental ?

Si on veut aller plus loin, on peut également mentionner le congé parental qui va visiblement être également remis en cause prochainement.
Je parlais plus haut de la commission 1000 jours, son rapport préconise la mise en place d’un congé parental de 9 mois au lieu de 24 actuellement. Certes la préconisation de mieux l’indemniser est intéressante mais on peut légitimement se questionner sur la durée. 9 mois c’est bien trop court.
Si cela permettrait de rétablir un peu d’égalité au niveau professionnel entre hommes et femmes, qui garderait les enfants par la suite ?
Je mentionnais dans cet article la répartition des modes de garde en France, nombreux sont les parents confronté.e.s à de grosses difficultés à faire garder leur enfant à la reprise du travail. Avec une fin du congé parental à 9 mois, où et par qui seront gardé.e.s les enfants ? Le gouvernement ne semble pas avoir mentionné d’actions quelconques pour la création de places en milieu d’accueil par exemple.
Sans parler des difficultés pouvant avoir lieu avec des milieux de garde déjà existants. On peut par exemple parler de celleux qui refusent le lait maternel ou encore qui imposent des protocoles drastiques avec refus du lait frais ou de proposer un autre contenant qui limiterait le risque de confusion.

En somme, petite avancée mais encore bien loin du compte, et un gouvernement comme d’autres bien frileux vis à vis de mesures qui permettraient de grandes avancées.

Sources/Pour aller plus loin : 
– Le livre Lâchez-nous l’utérus, de Fiona Schmidt, et plus largement le compte Instagram @bordel.de.meres tenu par elle;
– L’épisode « A la recherche des nouveaux pères », du podcast Les couilles sur la table;
Le rapport de la commission des 1000 jours;
– Congé parental européen: comment la France a fait voter une version au rabais.