6 à 8 femmes sur 10 vivent le baby-blues, 1 à 2 femmes sur 10 vivent la dépression post-partum.
Les chiffres sont importants, et pourtant pas plus de prévention que cela à ce sujet auprès des femmes, particulièrement enceintes ou jeunes mères.
C’est ce que je vais essayer de faire à travers cet article, en expliquant ce qu’est l’un et l’autre, en indiquant des ressources et en partageant des témoignages.
Mais quelle est la différence au juste ?
Définition et description du baby-blues : Un épisode de déprime qui touche 6 à 8 femmes sur 10 après l’accouchement, dans la moyenne autour de 3 jours après. Il ne dure normalement pas plus de dix jours, et ne nécessite pas de traitement. C’est généralement du à plusieurs choses cumulées : fatigue, chute des hormones de la grossesse, etc. Autant de choses que peuvent connaître les femmes suite à un accouchement en somme, avec l’isolement qu’il peut y avoir à la maternité et les difficultés d’un accouchement et/ou de l’allaitement qui exacerbent.
Il peut se manifester par de l’irritabilité, des sautes d’humeur, de l’anxiété.
Définition et description dépression post-partum : Une dépression qui touche en moyenne une à deux femmes sur 10. Elle survient généralement dans les 6 à 9 semaines qui suivent l’accouchement, mais peut également survenir tout au long de la première année du.des bébé.s. Des soins, suivi psychologique et/ou traitement, peuvent être nécessaires.
Elle peut être favorisée par différents facteurs : vécu de la petite enfance, des évènements familiaux (par exemple le deuil), etc.
Différentes choses peuvent l’exacerber, par exemple le manque de sommeil à long terme, les contraintes accumulées, un manque d’équilibre entre les tâches courantes et les activités agréables, un écart entre les attentes et le vécu de l’accouchement, etc.
Par exemple, une femme qui accumulerait les tâches ménagères, le fait de s’occuper seule de son bébé, l’isolement en fréquentant moins voire plus ses ami.e.s, des difficultés dans la menée de l’allaitement, le manque de soutien de l’entourage en cas de difficultés, etc.
Le fait d’avoir par le passé déjà eu une dépression, d’avoir vécu des changements stressants récents, d’être peu soutenue par l’entourage ou encore d’avoir une faible estime de soi peuvent augmenter les risques de passer par là.
Elle peut se manifester par un manque d’appétit, une grande fatigue permanente et un manque d’énergie, un désintérêt pour ses activités habituelles, une difficulté à s’occuper de son.ses enfant.s, un refus de son bébé, une culpabilité excessive ou encore des pensées morbides.
A savoir que l’autre parent peut également présenter des symptômes dépressifs pendant le post-partum, particulièrement de manière simultanée avec sa conjointe. Ne pas hésiter à consulter si c’est le cas.
Ce qui peut aider
Avant tout en parler.
A son entourage, le rôle du.de la conjoint.e est essentiel.
Mais aussi à l’équipe de professionnel.le.s lors d’un baby-blues à la maternité, ou en étant de retour chez soi au.x pro.s qui nous suive.nt ou suit.vent bébé.
Particulièrement si l’épisode dure, que la mère ressent de l’anxiété, des difficultés à s’endormir ou une grande fatigue, une crainte de faire du mal à son bébé ou encore évite le contact avec son bébé.
Prendre soin de soi au possible : dormir (autant que possible), se faire un plaisir, s’aérer, etc.
Ne pas hésiter à le faire avec son bébé, et éviter ainsi de se retrouver seule sans voir personne de la journée. Faire une promenade avec bébé en écharpe de portage ou en poussette par exemple, aller dans un Lieu d’Accueil Enfant Parent (où les accueillant.e.s sont formé.e.s à l’écoute active et peuvent orienter vers des professionnel.le.s au besoin, plus de détails ici), etc.
Se faire relayer le temps d’un bain afin de se détendre, d’une balade seule ou encore le temps de regarder un épisode ou deux d’une série.
Se faire aider dans la relation avec son bébé. Par exemple solliciter une tierce personne pour s’initier aux techniques de massage, de portage, etc.
S’organiser et solliciter de l’aide autour de soi. Pour s’occuper de bébé, les tâches ménagères, la cuisine pour soi, etc. Prioriser les tâches essentielles et lâcher prise autant que possible sur le reste.
Continuer à materner son bébé, y compris l’allaitement s’il y a. Les mères se font souvent dire que limiter le maternage (en laissant l’enfant pleurer pour l’endormissement par exemple) et/ou arrêter d’allaiter pourra les aider à relâcher la pression et se reposer. Non seulement en terme de repos cela n’est pas vrai, car un bébé allaité ou non aura besoin d’attention. Mais en plus l’allaitement permet à la mère comme à son bébé de sécréter endorphine et ocytocine. Les hormones dites du bonheur, qui favorisent le sentiment de bien-être, d’amour, et l’attachement.
Ressources :
L’association Maman Blues.
« Afin de pallier le manque – si ce n’est la quasi absence – d’informations donnée aux parents et futurs parents : pas de plaquettes d’informations remises au début de grossesse, aucune mention dans le carnet de santé, aucune campagne d’information ou de sensibilisation publique sur ce sujet… Même si ces dernières années on a pu constater que la difficulté maternelle était plus souvent évoquée, cette médiatisation a toujours été le fait d’initiatives individuelles et ponctuelles : associations parentales, professionnels de santé ou parents, journalistes. » Une des raisons pour lesquelles cette association, et son site ont été créés.
Pas mal d’informations, de ressources, mais aussi des groupes de paroles, entre autres.
Vous pouvez vous renseigner sur leur site, ou sur leur page Facebook.
Témoignages :
Le mien :
« Après un passage aux toilettes un matin, je me suis rendue compte que j’avais perdu les eaux, sans contraction, ni douleur. Le temps de prendre un petit-déjeuner et que les grands-parents arrivent pour s’occuper des deux plus grand.e.s, nous nous sommes rendu.e.s à la maternité avec mon mari.
Là, après examen, nous avons été invité.e.s à patienter avec la mise à disposition d’une chambre.
Après une journée où il ne s’est rien passé de spécial, monsieur a été très fortement incité à rentrer. Je me suis donc retrouvée seule pour la nuit.
Finalement, dans la nuit, des douleurs ont commencé à survenir. Je me suis retrouvée à faire des allers retours entre ma chambre et la maternité, d’où on me renvoyait sans rien me proposer de particulier pour la gestion de la douleur. Ni ballon, ni baignoire, comme j’avais pu voir pendant les cours de préparation à l’accouchement. Finalement, à partir de 4h j’ai insisté lourdement pour qu’on appelle mon mari. Le temps qu’il arrive pose de la péridurale. Attente à nouveau pendant quelques heures avant que bébé après quelques poussées ne se décide à pointer le bout de son nez.
Dans la salle d’accouchement, câlin et tétée d’accueil, le bonheur de la rencontre a effacé tout le reste temporairement. Une fois revenue dans la chambre quelques douleurs, limitées par la prise d’antalgiques en continu. Les deux premiers jours bébé dormait beaucoup, l’idéal je pensais pour me reposer également, avec monsieur qui faisait des allers retours entre la maternité et la maison pour s’occuper des deux grand.e.s.
Par la suite augmentation des douleurs liées aux tranchées, à la déchirure, et aux seins. Avec bébé qui prenait peu et mal le sein. Selon les équipes conseils contradictoires et culpabilisation, avec peu d’informations fiables. On m’a fait tirer mon lait sans me renseigner sur le sujet, et fait complémenter. Avec le recul je me demande s’il n’y a pas eu un biberon donné à bébé sans me solliciter ou m’en informer. Sur la fin, beaucoup de pressions de la part de l’équipe vis à vis de son poids, et sortie repoussée plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle soit finalement accordée par la pédiatre sous engagement à aller faire peser bébé à la PMI avec hospitalisation par la suite s’il ne prenait pas de poids.
Au final retrouver mon domicile avec son confort, mon mari à temps plein, etc. a fait que ça a été beaucoup mieux. J’ai pu me renseigner sur l’allaitement de mon côté. Soulager mes crevasses, améliorer la position de bébé au sein. Sa prise de poids a explosé et je n’ai plus été à la PMI par la suite après constat de cette prise de poids. 5 ans et demi après, il est toujours allaité, mais mon passage à la maternité reste un mauvais souvenir après une belle grossesse. »
Suite à un appel à témoins sur Facebook, des mères étant passé par l’un ou par l’autre ont bien voulu témoigner également. Voici leurs témoignages, bruts :
M. :
« Bonjour,
j’ai deux enfants et j’ai fais une dépression post-partum après mon premier accouchement. La grossesse s’était plutôt bien passée bien que je n’ai pas trop aimé cet état.
Deux mois après l’accouchement (péridurale, épisiotomie, forceps, je crois que ça a une incidence sur la DPP), le père est tombé gravement malade. La maladie étant contagieuse, le bébé a dû être hospitalisé pour être testé puis s’en est suivi un traitement préventif d’antibiotiques pendant quatre mois.
Mon congé maternité a duré 8 mois. Mais j’ai été extrêmement stressée par ces événements. Ensuite, j’ai repris le boulot dans un nouvel environnement : nouvelle agence, nouveaux collègues, nouveaux clients (travail en banque). De plus, notre allaitement s’est arrêté brusquement.
Je dormais mal, alors que bébé a fait ses nuits à trois semaines. Je mangeais de manière compulsive. Je ne pleurais pas, mais je saturais de tout sauf de ma fille.
Voyant que je ne me sortais pas seule de ce gouffre, je suis allée voir mon généraliste qui m’a diagnostiqué la DPP. Il m’a prescrit des anti-dépresseurs que je n’ai pas pris. Et il a voulu me mettre en arrêt mais j’ai refusé, bref une forcenée du travail. Donc, j’ai continué ce rythme de folie, jusqu’à ce que je fasse une fausse couche. À partir de là, je me suis prise en main pour de bon.
Ce que je ferais si j’avais eu plus d’info. Je me serai fait suivre par une doula. J’aurais consulté une psychologue et j’aurais pris un coach pour perdre du poids et un autre pour changer de métier.
En fait, les femmes en post-parfum devraient être entourées et soutenues. Jusqu’aux 2-3 Ans de l’enfant. Même aujourd’hui pour bébé 2, je fais une petite DPP, prise de poids. Mais là je me fais suivre de ma propre initiative. Et pourtant je ne travaille plus, j’ai moins de pression. »
N. :
» 2010, en couple depuis 7 ans avec mon conjoint nous décidons d’avoir un bébé. 1er essai, bébé est en route. Prévu pour septembre 2010, mon monde s’écroule en août lorsqu’il décide de me quitter. Enceinte de presque 8 mois je le vis très mal. Mais je garde le cap, il le faut. Je vais y arriver, je suis forte, je m’en sors. Mes jours ne sont pas tous faciles, mais je garde la tête haute.
Par bonheur je rencontre rapidement un homme merveilleux dans le cadre de mon travail. Rapidement un bébé surprise se pointe. Fort de sa confiance et de notre amour, nous tentons l’aventure, non sans peur. Et le bonheur arrive, un bébé parfait, une demande en mariage et grand frère en or, bref tout pour être heureux. Mais après cette deuxième naissance parfaite, la descente aux enfers. Je dois être forte, je dois garder la tête haute, mais je n’y arrive plus. Je suis épuisée. Mon grand est plus difficile, trop de choses remontent. Je rejette l’idée que je vais mal, je n’ai pas le droit. Je continue… Puis c’est fini, je n’y arrive plus. Je m’isole, je m’éloigne de mes amies, de ma famille. Je pleure beaucoup. Ma fille s’est mise en veille, je le comprends seulement depuis peu… Mon mari, d’un soutien sans faille ne me lâche pas. Arrondit les angles, gère tous les réveils nocturnes en rendormant ma fille après les tétées. Pourtant je ne récupère pas. Mon corps me fait mal, je souffre physiquement avant de comprendre que c’est psychologiquement que j’ai mal. J’ai peur aussi, peur qu’on m’abandonne à nouveau, qu’on ne m’aime pas. Je me sens nulle, bonne à rien. Je ne mérite pas de vivre et les enfants méritent mieux que moi. Je plonge.
Ça durera plus de 2 ans avant que je comprennent que seule je n’y arriverai pas. Que seule je ne suis pas assez. Je décide donc, difficilement de rencontrer une psychologue clinicienne. 1 rendez vous, 2, puis 3. Je pleure, j’explique, je suffoque. Mais petit à petit je pose un genou, puis je me relève. J’ai rejoins un groupe de parole dans la cadre d’une association de soutien à la parentalité. Je n’étais plus seule!
Nous avons accueilli notre 3 ème enfant (enfin le 2 ème avec mon mari) et j’ai parfois senti l’ombre de la dépression au dessus de moi. Mais je l’ai en conscience alors je la maîtrise. J’ai compris depuis que ma santé et mon bien-être permettaient à ma famille de bien vivre. Alors si j’ai un conseil à donner c’est de ne pas rester seule car seule on n’y arrive pas. On repousse l’échéance, la chute. Dans mon cas c’est le traumatique de l’abandon que j’avais occulté et qui m’a fait plonger. J’ai voulu être forte, mais j’ai été rattrapée! »