Si la majeure partie des allaitements en France durent quelques mois, un allaitement non écourté peut durer de 2 à 6 ans en moyenne.
Pendant cette période une mère peut être amenée à bénéficier d’un tas de soins, y compris des opérations. J’en parle un peu ici, mais un des gros mythes liés à l’allaitement est qu’une femme ne pourrait pas se soigner quand elle allaite. Deux choix s’offriraient à elle : souffrir en silence ou arrêter d’allaiter.
Les soins
Pourtant des traitements compatibles avec l’allaitement existent, et il existe plusieurs possibilités pour s’assurer qu’un traitement le soit :
Idem pour les soins dentaires. Sur les groupes Facebook d’allaitement la question revient souvent. Voilà pourtant ce que dit le CRAT à propos des anesthésies : « La réalisation d’une anesthésie dentaire, avec ou sans adrénaline, est possible en cours d’allaitement. » (source)
L’opération et sur place
Dans le cas d’une opération, plusieurs facteurs peuvent jouer sur la manière dont l’allaitement peut se poursuivre. Par exemple, si elle se fait en ambulatoire, ou nécessite une hospitalisation.
Dans les deux cas une anticipation dans la mesure du possible peut aider. Notamment en verbalisant auprès de l’enfant. En lui expliquant l’absence. Au besoin, avec un support physique comme un livre.
La mère peut aussi tirer son lait en amont afin de permettre à l’enfant d’en avoir pendant son absence, de préférence avec un contenant limitant le risque de confusion sein/tétine :(panneau récapitulatif de Maman Lune, dont vous pouvez trouver l’article détaillé ici)
Il est également possible de laisser un tissu avec son odeur. Prévoir des visites sur place si elles sont possibles ou envisager des appels visio selon l’âge de l’enfant (de préférence en matinée ou début de journée, le soir ça peut être difficile à vivre).
Si les visites sur place sont possibles et si l’état de santé post opératoire le permet , il est possible de s’assurer que la médicamentation soit compatible avec l’allaitement afin de pouvoir allaiter. Pour cela encore une fois vérifiés sur les différents sites cités plus haut.
Dans le cas où la visite de l’enfant n’est pas possible et/ou une hospitalisation urgente obligatoire la mère peut tirer son lait sur place. Si elle n’a pas de tire-lait les services peuvent en général en obtenir un auprès de la maternité de l’hôpital. ll est possible dans ce cas pour l’autre parent ou quelqu’un d’autre de venir le chercher sur place pour le faire donner au bébé.
Pendant l’absence de la mère
Si la mère a pu tirer en amont, ou avait un stock de lait au congélateur l’autre parent ou la personne qui garde l’enfant peut lui donner en son absence. Selon la durée de l’absence, et la possibilité ou non d’allaiter l’enfant sur place, ile peut complémenter avec une PCN, mais toujours de préférence dans un contenant autre que le biberon.
Comment gérer l’après ?
En cas d’opération lourde, la mère peut être amenée à être moins ou pas mobile. Par exemple, dans le cas d’opération du dos. L’autre parent, ou une autre personne peut prendre en charge le bébé, et le placer au sein. Afin de solliciter au minimum la mère et lui permettre de se remettre et se reposer.
Il est possible aussi d’avoir la prise en charge d’une aide à domicile, variable selon les mutuelles.
Il peut être utile de se renseigner.
Et dans le cas d’une opération de l’enfant ?
Parfois c’est l’enfant qui doit subir une opération et/ou être hospitalisé.e pour soins.
Dans ce cas là il est souvent demander aux parents que l’enfant soit à jeûn. Les demandes des pros varient. Certains disent 8h avant, d’autres 4h avant.
Il est difficile pour la mère de s’imaginer refuser une tétée, surtout pendant une période aussi longue que toute la nuit, période où les enfants tètent généralement régulièrement. Et cela peut être également difficile pour le bébé de se voir subitement refuser le sein. Peu d’études existent sur le sujet, mais dans cet article il y a des recommandations de ne plus proposer le sein 4h avant l’opération, et plus d’eau 2h avant. Dans tous les cas n’hésitez pas à aborder le sujet et mentionner l’allaitement avec l’anesthésiste. Demander également dans la mesure du possible d’être les premiers à être pris en charge au matin quand l’opération est prévue de longue date.
Une fois le délai passé, le fait que ce soit une autre personne qui s’occupe de bébé peut aider. Selon l’âge par exemple l’autre parent ou un.e proche, avec un moyen de portage pour bercer bébé, le rassurer, éventuellement proposer le petit doigt (propre et ongle coupé) à téter. La tétine elle reste déconseillée de manière générale.
Certains services offrent la possibilité au parent de rejoindre l’enfant en salle de réveil, ce n’est pas systématique. Parfois il est demandé d’attendre encore un peu avant de proposer le sein à l’enfant. Cela peut encore être difficile pour lui après la période de jeune préopératoire et le contre coup de l’anesthésie.
Hospitalisation de l’enfant
Dans le cas d’une hospitalisation de l’enfant comme de manière générale, verbaliser avec l’enfant permettra pour lui.elle de mieux appréhender la situation.
Selon l’âge les explications varieront, mais ne sous estimez pas le fait de parler à un bébé. Pour les plus grand.e.s il existe différents supports.
Par exemple :
Vous informer vous aussi peut vous rassurer. Pas mal d’infos et de supports sur ce site.
La présence d’un parent peut se faire jour comme nuit. Pas toujours évident quand il y a d’autres enfants, mais dans la mesure du possible être sur place permet de rassurer l’enfant et de continuer à l’allaiter à la demande. Si l’allaitement n’était pas possible au sein, tirez pour faire donner le lait au bébé à la sonde. Idem le temps de l’opération. Si l’hospitalisation s’est faite à la dernière minute n’hésitez pas à demander un tire-lait à l’équipe sur place.
Même si certaines équipes se montrent réticentes, si vous êtes habitué.e.s à faire du cododo continuez. Au besoin rassurez (informez surtout) l’équipe sur les règles de sécurité. Quelques infos chiffrées supplémentaires ici au besoin, si jamais on vous ennuyait trop. Des mamans déménagent parfois un peu la chambre en sollicitant l’accord au préalable. Par exemple en collant contre le mur le lit pliant mis à disposition de la mère, quand il n’y a pas de grand lit prévu.
Si la présence sur place n’est pas possible en continu, n’hésitez pas à tirer votre lait et l’amener à l’hôpital pour le faire donner en votre absence.
En tous les cas, gardez confiance en vos choix si on les remettait en cause. Gardez confiance en vous et votre bébé si c’était le cas.
Et vous ? Déjà passée par là ?
Comment l’avez-vous vécu ? Des tips à partager ?