Allaitement et mode de garde

  • Post last modified:13 octobre 2022
  • Post category:Parentalité

Quand on est maman, on se retrouve vite face à une réalité.
Le congé maternité est court. Très trop court…
Cet article n’a pas pour objectif de débattre sur la reprise du travail ou non.
Chaque foyer est différent. Chaque foyer a des impératifs, des projets différents. Cependant bon nombre de mamans pensent que la reprise du travail, si c’est leur choix, va devoir rimer avec un sevrage.
Et ça c’est faux.
Je vous en parle déjà pas mal sur le blog, mais moi-même j’ai repris le travail dès la fin de mon congé maternité.
Ça n’a pas été toujours facile, j’en conviens. Mais c’est faisable. Encore plus quand on est informée et soutenue.
Vous pouvez trouver mon article sur l’organisation ici, dans lequel j’aborde un peu le mode de garde. J’aimerais revenir un peu plus sur le sujet aujourd’hui, dans cet article Allaitement et mode de garde.
Vous avez été nombreuses à me solliciter à ce sujet, et surtout à demander le document que j’avais évoqué.

Pour commencer, des petits chiffres sur les modes de garde.

En 2005 selon l’INSEE :
– 61% des couples où les deux personnes avaient un emploi faisaient appel à un service de garde rémunéré : 20% une garde collective (crèche, halte-garderie…) et 41% une garde individualisée (assistante maternelle, garde à domicile…),
– 50% des mères de famille monoparentale ayant un emploi faisaient appel à un service de garde rémunéré : 31% une garde collective et 19% un service de garde individualisée.

Aborder le sujet avec le ou la professionnel.lle

Pour ma part, j’ai la chance d’être tombée sur une assistante maternelle qui n’avait jamais eu en 20 ans à donner du lait maternel à un bébé qu’elle gardait, mais qui avait allaité elle-même deux ans chacun de ses enfants.
Je sais que certains professionnel.le.s se montrent réticent.e.s ou méconnaissent simplement la pratique.
Pour moi il est primordial d’aborder le sujet avec eux lors des premières rencontres.
D’ailleurs dans mon cas elle a beau avoir allaité, il a fallu malgré tout l’informer et la rassurer.

Pour commencer donc, au moment du premier rendez-vous vous pouvez aborder le sujet parmi d’autres directement avec le ou la professionnel.le que vous rencontrez (Je parlerai prochainement des autres sujets pouvant être abordés).
N’hésitez pas à poser des questions précises pour pouvoir aborder pleinement le sujet.
Par exemple :

  • Est-il possible de fournir un autre contenant que le biberon comme la softcup/cuillère biberon… ? (pour éviter un risque de confusion sein/tétine) ?
  • Comment le lait est-il chauffé (dans certaines crèches ils utilisent encore le micro-ondes) ?
  • Donnez vous bien le lait à la demande ? Le lait maternel se donne à la demande y compris lorsque ce n’est pas au sein.
  • Acceptez-vous de garder quelques sachets de lait congelé dans le cas où bébé aurait plus faim un jour ou qu’un contenant se renverserait ou autre ?

Les réponses à ces questions vous permettront de vérifier que la personne qui va garder bébé est bien informé.e sur le sujet et si c’est n’est pas le cas, vous permettra de le faire.

On ne va cependant pas se mentir, certain.e.s pros restent quand même, malgré toute la bonne volonté des parents à les informer, très réticent.e.s.
Des assistant.e.s maternel.le.s vont jusqu’à refuser un contrat parfois, et certaines crèches ont des règlements drastiques pouvant décourager n’importe qui.

Quels sont vos recours dans ces cas là ?

De manière générale j’ai tendance à dire que si la personne refuse net il serait préférable de voir s’il y a une autre alternative. Après ce n’est pas toujours le cas, particulièrement dans le cas d’une place en crèche qui n’est pas toujours évidente à obtenir, encore moins à refuser.

Légalement, rien n’oblige un mode de garde qu’il soit individuel ou collectif à donner du lait maternel, et de la même manière chacun d’entre eux est plus ou moins libre d’appliquer le protocole qu’il souhaite. Pour certains hyper contraignants :
– refus de donner du lait autrement qu’au biberon,
– refus de stocker du lait congelé sur place,
– acceptation du lait uniquement frais du jour…

Mais si la loi ne les y oblige pas ils vont à l’encontre des recommandations de santé de l’INPES.
N’hésitez pas en cas de désaccord avec :
– un.e assistant.e maternel.le à vous faire accompagner de la PMI dans votre démarche, pour qu’elle puisse intervenir et faire médiation, ainsi qu’informer sur le sujet le ou la professionnel.le,
– un mode de garde collectif, demander le projet pédagogique de la structure ainsi que son protocole. Puis prendre rendez-vous avec la direction de la crèche voire au-dessus si c’est la direction qui se montre réticente (dans le cas d’une crèche privée le siège, dans le cas d’une crèche municipale le service enfance auprès de la mairie).
Vous pouvez vous aider des orientations de la CAF aux structures d’accueil : elle les incite notamment à organiser « l’accueil des jeunes enfants en menant une réflexion tournée vers l’enfant et son confort avec pour priorité de répondre aux besoins sans cesse en évolution des familles ».
Je ne dis pas que ça marche à tous les coups mais ça peut aider à comprendre le refus et y répondre avec arguments.
Ca peut vous servir à vous, mais à d’autres aussi plus tard.

Vous pouvez aussi vous aider des initiatives visant à harmoniser les pratiques autour de l’accueil d’un enfant allaité lancées par des institutions.
Cela vous permettra de montrer à votre (ou vos) interlocuteur(s) que l’accueil se fait ailleurs, et ainsi rassurer sur sa faisabilité. Ils ont des protocoles plutôt restrictifs mais ouvrent un beau champ de possibilité.
Par exemple :
– Le référentiel de la ville d’Angoulême, ici,
– Le projet Allait’accueil à l’échelle de la région Rhône-Alpes, ici,
– Le guide référentiel de l’allaitement à la crèche dans le Vaucluse, ici,
– Le règlement intérieur des établissements départementaux d’accueil du jeune enfant en Seine-Saint-Denis, ici.

Vous pouvez également faire visionner cette vidéo aux pros qui ne démordraient pas du biberon :

Le code du travail autorise la mère à bénéficier d’une heure d’allaitement pendant laquelle elle peut aller allaiter son enfant.
Rien n’oblige encore une fois les professionnel.le.s à l’accepter et certain.e.s là encore essaient parfois de faire renoncer les mères à ce droit, parfois dérangé.e.s par la présence de celle-ci de manière répétitive sur leur lieu de travail, et pour l’assistant.e maternel.le à son domicile.
J’ai même déjà lu que certain.e.s avancent le fait que pour l’enfant la double séparation peut être difficile à vivre.
Mais quand la mère travaille à proximité c’est une solution qui est très arrangeante (moins besoin de faire donner le lait via un autre contenant donc moins de manipulation, moins contraignant pour la maman qui n’a pas à tirer ou à transporter son lait, temps passé ensemble en plus pour l’enfant avec sa mère, et quand l’enfant a des difficultés à boire y compris le lait de sa mère avec d’autres contenants, ça  assure au moins une prise).
Encore une fois, certaines institutions comme la ville de Paris ou encore de Lille ont eu des initiatives en communiquant sur le sujet et en rendant publique la possibilité des mères de venir allaiter leur enfant sur place ou de fournir leur lait (avec un protocole de recueil et de transmission).
Vous pouvez vous appuyer dessus pour tenter d’ouvrir le dialogue et la négociation.

A l’inverse on peut saluer le travail de professionnel.le.s qui informent les parents sur la possibilité de poursuivre l’allaitement malgré la garde, et leur offrent les possibilités citées plus haut d’allaiter sur place et de fournir du lait tiré par la mère.
En effet, bon nombre de parents entament le sevrage avant le début de la garde le pensant obligatoire.
Informer systématiquement de la possibilité, réduit le nombre de sevrages.

Si les recours sont vains

Si le mode de garde reste fermé, il vous reste à faire un choix pas évident.
Pour faire votre choix, vous pouvez aussi prendre en compte plusieurs choses.
Par exemple l’âge de votre enfant, et l’amplitude de la garde.
Si votre enfant est diversifié et est gardé sur des journées de moyenne amplitude, il y a de grandes chances qu’il vous attende pour boire à la source et ça suffira avec une alimentation suffisante en journée et le sein à la demande (en général matin, soir et nuit).
Si votre bébé a moins de 6 mois, et/ou est gardé sur de longues amplitudes et/ou est diversifié mais mange peu, et que le mode de garde refuse de donner autrement qu’au biberon, vous pouvez leur demander de le donner avec une tétine 1, et à l’horizontale. Le boire doit durer au moins quinze à vingt minutes (et peut durer un peu plus). Ça peut être une méthode de dernier recours pour limiter le risque de confusion, en attendant éventuellement de trouver une autre solution de garde ou que bébé soit en âge de ne plus boire de lait la journée (plus d’infos ici).

L’importance de la communication

Pour faciliter la transmission d’informations entre parents et professionnel.le.s un cahier de liaison est souvent mis en place.
Des parents y mettent à destination du professionnel.le des informations comme les temps de conservation  et les modalités de réchauffe du lait.
Ca peut être utile pour rassurer un.e pro qui garderait un.e enfant allaité.e pour la première fois.
En plus des informations habituelles (nombre de prises, remarques sur la journée : sommeil, éveil, selles…).

Quelques témoignages de professionnel.le.s ayant accueilli des enfants allaités :

« Ça fait 10ans que j’accueille des petits en Suisse. (…) J’ai accueilli 27 enfants dont 3 n’étaient pas allaités. Je fonctionne au maximum en fonction des enfants à leur rythme. Afin de privilégier le lien j’accueille les mamans en leur disant que si une dernier tétée ou une tétée de retrouvailles est nécessaire c’est avec plaisir. La journée je ne compte pas les millilitres je respecte la demande de l’enfant. Afin de ne pas créer de confusion sein/tetine je donne le LM à la seringue, à la tasse (on trouve ce qui est mieux pour chaque enfant ). Ce qui me semble important c’est réussir l adaptation. Je propose souvent 15 jours sur de petites périodes en augmentant toujours avec la maman au départ pour qu’elle puisse rassurer au sein au maximum. » Amelie, assistante maternelle.

« En tant qu’assistante maternelle, c’est avec grand plaisir que j’accueille des enfants allaités. Je trouve cela très valorisant d’accompagner une maman dans la poursuite de son allaitement après sa reprise du travail.
T. est arrivé chez moi à 2 mois et demi. Ses parents avaient proposé un biberon de lait maternel à plusieurs reprises mais T. l’avait refusé. Lors de la période d’adaptation, la maman quittait mon domicile pour de courtes périodes après avoir donné la tétée. Cette période m’a permis de faire connaissance avec T. puis de pouvoir lui proposer la soft cup  dans des moments où il était calme.
C’est dans l’écharpe de portage tout contre moi qu’il a accepté de boire. Il s’agissait de très petites quantités  prises assez régulièrement.
Sa maman tirait ensuite du lait sur son lieu de travail, le transportait dans une glacière et le mettait le soir dans mon frigo. Elle donnait bien sûr une tétée le matin avant de partir  et une en arrivant chez moi. C’était pour nous l’occasion d’échanger sur la journée de T.
Nous avons procédé ainsi durant plusieurs mois et tout s’est très bien passé.
J’ai également accueilli S. quand elle avait 2 ans. L’allaitement était alors déjà bien en place et sa maman n’avait plus besoin de tirer son lait durant son absence. S. tétait également en arrivant chez moi et au retour de sa maman. Elle mangeait entre temps d’autres aliments mais ne buvait le lait qu’à la source !
Ces 2 expériences furent pour moi très enrichissantes et j’espère qu’il y en aura d’autres. » Fanny, assistante maternelle.

« Travaillant en crèche, il arrive parfois d’accueillir des bébés allaités, souvent une source d’angoisse pour les mamans : et si bébé ne veut pas boire, et si j’étais obligée de le sevrer ? Mais non ! Allaitement et crèche c’est possible. Les auxiliaires de puériculture sont formées pour s’adapter à chaque enfant, et respecter les choix des parents, nous proposons alors le lait de maman avec le contenant qu’elle nous fournit, et si bébé a des difficultés nous lui proposons également à la cuillère, pipette. »
Elodie, auxiliaire de puériculture.

« En tant que directrice de crèche, lorsque je reçois les futures mamans ou jeunes mamans, je leur dis que la poursuite d’allaitement est tout à fait compatible avec l’accueil de leur enfant, je leur dis de ne pas se mettre la pression pour sevrer leur bébé, qu’elles verront au moment de l’entrée du bébé chez nous. Ensuite, pour le côté pratique, nous demandons qu’elles fournissent leur lait congelé et que nous nous occupons du reste. Celles qui le souhaitent et ne travaillent pas loin peuvent venir allaiter sur place. Il ne faut pas craindre une deuxième séparation dans la journée, car tout cela s’accompagne auprès du bébé et puis le bénéfice qu’il retire de ce moment privilégié avec sa maman est plus important que tout le reste.
En résumé, ce n’est absolument pas contraignant à gérer… Quand les mamans arrivent à bien tirer leur lait, nous faisons un petit stock au congel’ au cas où. Nous avons écrit un protocole de transport et conservation du lait maternel et tout est simple! »
Babeth, directrice de crèche.

Des pistes pour trouver un mode de garde ouvert

De manière générale il est plus facile de convaincre une personne réticente que plusieurs.
Vous aurez peut-être plus de chance du côté des assistant.e.s maternel.le.s ou des MAM.
Si jamais, il existe un groupe Facebook qui recensent des assistant.e.s maternel.le.s qui acceptent sans souci les bébés allaités : Assistantes maternelles pro allaitement et pro maternage.
De plus en plus d’assistant.e.s maternel.le.s le précisent également dans leur annonce sur les sites dédiés comme Top nounou.

Et vous les parents d’enfants allaités ?
Comment ça c’est passé ?
Ca s’est bien passé ou vous avez rencontré des difficultés ?

Cet article a 8 commentaires

  1. Happy Sunny Babies

    En lisant toutes les difficultés que peuvent rencontrer les mères dans la poursuite de l’allaitement je me dis que j’ai vraiment eu beaucoup de chance. Une nounou compréhensive et qui a accepté de donner des flans de lait quand mon fils refusait le lait dans n’importe quel contenant et des patrons qui n’ont jamais décompté mes « pauses tirage ». Je comprend d’ailleurs pas que rien n’oblige la crèche/l’ass’ mat à accepter le lait maternel, ils devraient avoir l’obligation d’accepter ce que les parents fournissent tant que ça ne va pas à l’encontre de la santé de l’enfant.

    1. lesptitesmainsdabord

      je suis bien d’accord
      finalement avec un protocole clair, y a pas vraiment de refuser
      les raisons arguées par les pros qui refusent sont souvent infondées

  2. Maya Michel

    Merci beaucoup pour ces précieuses informations. Quand un bébé a 10 mois est ce qu’on doit tirer notre lait ou la prise d’eau suffit-il en notre absence?
    Merci pour vos précisions.

    1. lesptitesmainsdabord

      Bonjour et merci du retour
      ça dépend de plusieurs facteurs
      est-ce que bébé est diversifié ? l’amplitude horaire de la garde
      ça peut ne pas être nécessaire

      1. berçon

        Bonjour,
        Je me pose la même question! bébé de 10 mois qui va être gardé et qui est diversifié depuis ses 6 mois. Quelle quantité de lait laisser à la nounou? A la maison il tète encore 6 à 8 fois souvent les tétées ne durent que 5 min; mais est ce que de l’eau remplacerait ces tétées là??
        Merci de votre réponse!
        Elodie

        1. lesptitesmainsdabord

          bonjour, pour plus de simplicité venez sur le groupe allaiter en maternant, j’y répond dans la journée avec d’autres ^^

          1. Polochonduberry18

            Bonjour,

            Je ne savais pas que vous faisiez partie du groupe… enfaite ça fait 2 fois que je pose cette question mais mes publis ne sont jamais apparues

          2. lesptitesmainsdabord

            bizarre, sous quel pseudo ? j’y suis là refais en une je vais voir tout de suite

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